L'automne
A force d'entendre les "sanglots longs des violons de l'automne" qui s'essoufflent sur les collines, j'ai eu envie de partager mon automne à moi, ses ors dévorants et ses cieux lumineux. Les feuilles blafardes virevoltent comme des poésies incertaines, elles tombent ainsi que des oiseaux moribonds et s'abîment sur les pelouses verdoyantes. Je voulais m'échiner, écrire avec ma sueur pour m'exclamer : voyez, moi aussi, je suis poète! J'ai bien couru pour attraper cette feuille jaunâtre pour y lire ce qu'elle murmurait mais elle était vierge de mots, vierge de tout, en fait. Les feuilles qui tombent ne livrent leur secret qu'aux âmes légères et enfantines, celles qui se réjouissent d'entendre crisser sous leur pas les monceaux de feuilles sèches parsemant les allées. Alors, plutôt que de m'échiner en vain (puisqu'aussi bien je ne suis pas poète), j'ai préféré demander à ce cher Apollinaire de m'aider afin d'introduire les photos qui vont suivre.
Automne malade et adoré
Tu mourras quand l’ouragan soufflera dans les roseraies
Quand il aura neigé
Dans les vergers
Pauvre automne
Meurs en blancheur et en richesse
De neige et de fruits mûrs
Au fond du ciel
Des éperviers planent
Sur les nixes nicettes aux cheveux verts et naines
Qui n’ont jamais aimé
Aux lisières lointaines
Les cerfs ont bramé
Et que j’aime ô saison que j’aime tes rumeurs
Les fruits tombant sans qu’on les cueille
Le vent et la forêt qui pleurent
Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille
Les feuilles
Qu’on foule
Un train
Qui roule
La vie
S’écoule