Un tour d'horizon du ciel
La nuit, en levant les yeux pour observer les astres, on voit une demi-sphère sombre parsemée de points lumineux. Pour les anciens, il s'agissait de lumignons piqués sur la voûte céleste comme sur un vaste écran de cinéma. Nous savons à présent qu'il n'en est rien, que tous les objets du ciel sont à des distances différentes et parfois incommensurables.
Les anciens ont donné aux différentes formes que l'on voit (des astérismes*) des noms liés à la mythologie. Il s'agit des constellations formées d'étoiles reconnaissables, des dessins portés par une histoire et désignant une zone de l'espace. La totalité de la sphère céleste est ainsi répertoriée, de sorte que tous les objets du ciel sont ainsi repérables aisément par leur appartenance à une constellation donnée.
On trouve dans le ciel deux types d'objets. Ceux qui composent le système solaire, planètes, satellites naturels, astéroïdes, y comprit le soleil et ceux qui sont au-delà, ceux du ciel profond, étoiles, amas stellaires* et autres galaxies. Les premiers sont mobiles et, pour les planètes au moins, plus lumineux et les seconds peuvent être considérés comme fixes, en dehors de la rotation de la terre. Les planètes sont aisément reconnaissables, parce qu'elles se déplacent dans le ciel et par leur éclat. Nous allons ici nous intéresser aux seconds.
Si celles-ci forment des « dessins » dans le ciel, il faut bien réaliser qu'il s'agit d'une impression, que celles-ci n'ont de sens que vues depuis la terre. Si nous nous déplacions instantanément à plusieurs années lumières, elles seraient différentes. Les étoiles qui les composent peuvent être très distantes les unes des autres. Elles sont surtout pratiques en tant que panneaux indicateurs, à l'instar d'une carte qui permet de se repérer dans le ciel.
Nous allons d'abord chercher le nord. Voici ce qu'on voit tout d'abord en levant les yeux au zénith. À noter que les vues que j'utilise plus bas sont extraites du logiciel Stellarium.
Ici, c'est assez facile, tout le monde connaît la grande casserole ou le grand chariot qui compose une partie de la Grande Ourse.
Un peu d'histoire tout d'abord. Zeus descendit sur terre où il rencontra Callisto, fille du roi d'Arcadie. Il en tomba aussitôt amoureux, ils eurent un enfant nommé Arcas. Furieuse, Héra, l'épouse trahie de Zeus, transforma Callisto en ourse. Plus tard, Arcas, devenu grand chasseur, rencontra dans la forêt sa mère (changée en ourse, pour ceux qui suivent) et tenta de la tuer. Zeus, voyant cela, changea Arcas en ours à son tour et les envoya tous les deux dans les étoiles. La mère devint la Grande Ourse et le fils, la Petite Ourse.
La Grande Ourse ne se résume pas aux étoiles composant la grande casserole, même si ce sont les plus brillantes. Pour trouver le nord, prolonger le bord de la casserole d'environ 5 fois pour trouver une étoile brillante : il s'agit de l'étoile polaire. Sa particularité est d'être dans le prolongement de l'axe de rotation de la terre et d'indiquer le nord. C'est également la seule étoile qui ne change pas de place (enfin, c'est pour simplifier, on fera comme si) dans le ciel. L'étoile polaire est l'extrémité de la queue de la Petite Ourse qui a également la forme d'une casserole, ses étoiles sont moins visibles. En continuant notre chemin plus loin que l'étoile polaire on trouve une étoile un peu moins brillante qui forme avec 4 autres une sorte de maison (bon, tout ça c'est approximatif et en plus ça dépend de l'orientation du ciel selon l'heure et les saisons). Il s'agit de la constellation de Céphée. Selon la mythologie, il s'agissait d'un roi d'Ethiopie, époux de Cassiopée (une autre constellation proche), ils avaient un fils, Andromède (une constellation et même une galaxie). Tous ces « gens » là sont proches dans le ciel.
Sur la droite de Céphée, 5 étoiles assez lumineuses forment un W ou un M, selon l'orientation de la constellation. Il s'agit de Cassiopée dont j'ai déjà parlé plus haut. Reine d'une grande beauté, elle fut punie à rester enchaînée à son trône pour l'éternité et à tourner sans cesse autour de l'étoile polaire, parfois la tête en bas.
Dans cette région du ciel j'ai laissé de côté la constellation du Dragon. Dans une des interprétations, il s'agit du dragon Ladon qui gardait le jardin des Hespérides et qui fut tué par Héraklès. Ses étoiles sont très peu lumineuses, mais avec un peu d'habitude on les voit aisément serpenter entre la Grande Ourse puis revenir derrière la Petite Ourse et de retourner ensuite en direction de deux étoiles plus brillantes, les yeux du Dragon.
Ce sera tout pour ce coin du ciel, voyons la même carte où sont indiqués les noms et la forme des constellations.
Une petite remarque tout d'abord. Si la magnitude* des étoiles est connue, leur visibilité dépend de la pollution lumineuse à l'endroit où vous vous situez et de la limpidité de l'atmosphère. Les étoiles les moins lumineuses sont les premières à s'estomper ce qui rend encore plus difficile le repérage. Les étoiles les plus lumineuses vont nous servir de jalons. En passant d'une constellation à une autre on parvient ainsi à retrouver l'objet que l'on cherche. Si on perçoit plusieurs milliers d'étoiles à l’œil nu, la plus grande partie n'est visible qu'au moyen d'un instrument et plus celui-ci sera puissant, plus on verra d'objets. Les constellations visibles nous servent de références et d'indicateurs indispensables. On peut bien sûr se repérer à partir des coordonnées célestes, mais ça dépasse le cadre de cet article qui s'adresse surtout aux débutants.
Les constellations dans le ciel peuvent être très grandes. Pour comparaison, la lune fait 0.5° de diamètre et la grande casserole (qui n'est qu'une partie de la grande ourse, je le rappelle) fait 10°. L'inconvénient des logiciels est qu'on a tendance à agrandir plus ou moins la taille de la zone que l'on veut observer en oubliant leur taille réelle. Leur utilité est cependant évidente, ne serait-ce que comme aide mémoire pour se repérer à l’œil nu et pour situer avec précision un objet précis dont la magnitude est trop faible. Les cartes du ciel sont également utiles.
Voyons maintenant la suite du ciel.
Nous reconnaissons en haut à gauche Cassiopée située à l'opposé de la Grande Ourse par rapport à la polaire. En prolongeant la queue de la casserole on trouve une étoile très lumineuse, Arcturus. Elle se situe à la base d'une sorte de forme en cerf-volant qui est le Bouvier, lequel est le gardien des deux ourses situées non loin.
Revenons au Dragon et à ses deux yeux bien visibles. En prolongeant une ligne vers l'horizon on trouve plusieurs étoiles très brillantes qui forment avec plusieurs autres une sorte de croix. Il s'agit du Cygne, l'étoile la plus brillante, Deneb, marque la queue du volatile très grand, très beau et tout à fait reconnaissable dans le ciel d'été. Pour ma part, je trouve cette constellation superbe ! Non loin se trouve une autre étoile très lumineuse, Véga qui fait partie de la constellation de la Lyre (et qui ne ressemble en rien à une lyre, il faut le dire, ce sont juste 4 étoiles peu lumineuses qui forment un petit rectangle).
Pour la petite histoire, Zeus s'était changé en cygne pour séduire Léda dont il eut pour enfant les Gémeaux Castor et Pollux et la lyre est celle d'Orphée. Ces deux étoiles très brillantes forment avec Altaïr de la constellation de l'Aigle le triangle d'été, facilement reconnaissable.
Il nous reste deux autres constellations dans cette région, la couronne boréale (en forme de couronne, eh oui !) à côté du Bouvier et Hercule dont les étoiles sont peu visibles. Cette constellation s'étend entre la tête du Dragon, la Couronne et la Lyre. Grosso modo on trouve un carré un peu plus visible qui représente le corps du héros, les deux jambes à genoux en direction de la tête du Dragon (pour le terrasser ?) et les bras de l'autre côté. Honnêtement, je ne trouve pas très évident de la trouver, celle-là…
Ce sera sans doute plus clair sur l'image ci-dessous.
Véga, Déneb et Altaïr, sont les trois étoiles les plus lumineuses du ciel d'été. Voici comment les trouver.
Véga, de la constellation de la Lyre est la 5eme étoile la plus brillante du ciel (la première étant Sirius, mais elle n'est pas dans cette région) et se situe haut dans le ciel. C'est celle qui apparaît en premier et dans 14000 ans, elle indiquera le nord.
Déneb, de la constellation du Cygne se situe sur la voie lactée qui lui fait un bel arrière-plan. C'est une étoile double et son nom signifie la « queue de la poule » (ou du cygne car, oui, cette étoile n'indique pas la tête de l'oiseau comme on pourrait le penser).
Altaïr, de la constellation de l'Aigle est située sur l'équateur céleste et est relativement proche, à 17 années lumières*.

Une photo du triangle d'été avant de voir quelques objets que l'on peut voir dans cette région du ciel.

La nébuleuse de l'Anneau (M 57) située dans la constellation de la Lyre. Il s'agit d'un des objets du catalogue de Messier situé « au pied » de la constellation. De magnitude 8, on peut l'observer avec un petit télescope ou avec de bonnes jumelles mais on ne la verra évidemment pas ainsi.

La nébuleuse du Voile (NGC 6960) de magnitude 7 très étendue. Il s'agit d'une rémanence de supernova ayant explosé voici 6000 ans. Il s'agit là de la partie ouest seulement. Elle se situe non loin du bout de l'aile droite du Cygne.

M 29, amas ouvert* dans la constellation du Cygne situé près du centre de la croix.

La galaxie du Tourbillon dans les Chiens de Chasse, tout près de la Grande Ourse, vers Alkaïd (la dernière étoile de la queue de la casserole). De magnitude 7, on peut la voir aux jumelles.
Voilà donc un petit aperçu du ciel nocturne, côté nord, essentiellement. J'espère avoir été suffisamment clair. Vous pouvez poster vos questions ou remarques en commentaires sous l'article.
Merci de votre attention.
Glossaire :
astérismes : il s'agit d'une figure aisément reconnaissable formé par des étoiles particulièrement brillantes
amas stellaire : il s'agit de concentration d'étoiles liées entre elles qui peuvent être très vastes
amas ouvert : il s'agit de concentration d'étoiles issues d'une même galaxie qui s'éloignent les unes des autres (ex : les Pléiades)
circumpolaire : il s'agit des constellations proches du pôle nord et qui ne se couchent jamais
magnitude : il s'agit d'une échelle qui désigne l'éclat apparent d'un objet. Elle est négative pour les objets les plus visibles et positive pour les autres. On voit à l’œil nu jusqu'à une magnitude de 6.
année lumière : il s'agit de la distance que parcourt la lumière pendant une année. Pour rappel, la lumière voyage à 300 000 km/s.